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Catégorie : REPORTAGE DE RANDONNÉE
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Sur les hauteurs de la Tinée 

Texte & photos: © Paul Smit

Entre eux, les habitants s'appellent les blavets, littéralement 'le blé vert', librement 'les visages pâles'. A cause du manque de soleil. Car Saint-Sauveur se situe à seulement 475 mètres au-dessus du niveau de la mer alors que la montagne environnante culmine à 2800 mètres. Pour partir en randonnée, il faut commencer par grimper. Mais arrivé sur les hauteurs, votre regard se porte jusqu'en Italie et jusqu'à la mer, un spectacle que vous n'êtes pas près d'oublier..

Point de chute

Les habitants de Roure, plus haut sur la pente, appellent Saint-Sauveur le trou. La vallée de la Tinée est en effet une gigantesque crevasse dans le paysage du Parc National du Mercantour. L'inaccessibilité de la vallée lui a permis de préserver sa nature originelle bien plus que les vallées environnantes. A l'exception de Saint-Sauveur, les villages sont construits plus sur les hauteurs, là où les pentes s'évasent et où le paysage devient moins hostile. Roure est un de ces villages accrochés en balcon, à la limite entre Méditerranée et Alpes. Un point de départ plus agréable que Saint-Sauveur, mais il lui manque un camping et des commerces. Ce manque est comblé par un petit hôtel avec une cuisine sensationnelle et une vue à vous couper le souffle sur toute la longueur de la vallée de la Tinée. Et par 'Gégène' qui cuit des pizzas dans le vieux four communal, le samedi soir, et du pain, des croissants et plein de bonnes choses, le dimanche matin.

 Circuit n° 1

[Roure - GR 5] - Saint-Sauveur - la boucle de Ruinas - Saint-Sauveur - Roure (via Les Serres) (montée : 1228 m, descente : 604 m à partir de Saint-Sauveur, 1228 à partir de Roure)

Aussitôt après avoir quitté Saint-Sauveur nous perdons le sentier. Un orage, quelques jours plus tôt, avait provoqué un glissement de terrain et creusé un trou dans la pente. Escaladant rochers et nous frayant un chemin à travers des rigoles fortement creusées, nous essayons de retrouver le marquage. Nous sommes obligés de constater la réalité géologique. Avec les énormes quantités d'eaux provenant des fontes, à la fin de la dernière ère glacière, la Tinée a tellement creusé le paysage sur sa route vers la mer que les pentes ne se sont jamais stabilisées. Les Romains l'avaient compris et avaient construit leur voie à cinq cent mètres au-dessus de la rivière. C'est avec la conquête de la vallée par la voiture que la route principale a été déplacée vers le bas. Depuis, c'est la lutte permanente entre l'équipement d'un côté et les avalanches, les chutes de pierres et les glissements de terrains de l'autre. >>>

<<< Notre sentier débouche sur le GR 5 et l'entrée du village est magnifique. A gauche, la vue s'étend sur toute la vallée de la Tinée, tandis que dans les profondeurs, la Vionène quitte sa gorge pour se joindre à la Tinée. Les terrasses sont envahies par des clématites en fleurs, mais lorsque nous passons entre les premières granges, nous voyons apparaître des terrasses bien entretenues. Les granges laissent la place à des maisons qui rappellent plutôt les maisons italiennes que celles des Alpes et qui sont flanquées de petits jardins où poussent légumes, arbres fruitiers et fleurs. L'air est rempli du bruit de l'eau. Contrairement à beaucoup d'autres hameaux de montage, Roure n'est pas mort. >>>

L'auberge

L'hébergement est bon à l'auberge du Robur. Mais la plupart des gens viennent s'y restaurer. Vers midi, soudain, ça circule sur la petite route tranquille qui mène à Roure et peu après on passe à table, avec une vue fabuleuse sur la vallée de la Tinée. L'aubergiste ne se soucie pas beaucoup de publicité. Elle se fait de bouche à oreille, ou mieux, de papille à papille.
e menu se lit comme un poème. Que diriez-vous d'un canard grillé au miel d'acacia saupoudré du pollen ? Ou, mon entrée préférée, d'une succession de fines couches de chèvre très frais et de tapenade (une préparation à base de câpres, d'olives et d'anchois écrasés, additionnée d'huile d'olive) roulée dans des tranches de poivron qui fondent sur la langue ? >>>

Circuit n° 2: randonnée de deux jours

Première journée : Roure - Col de Fabre - Rougios - (Refuge de Longon) - Montagne Haute - Refuge de Longon (montée : 1241 m, descente : 451 m)
Deuxième journée : Refuge de Longon - Plateau de Longon - Vignols - GR 52A - Roure (montée : 62 m, descente : 852 m)

Lorsque, le lendemain matin, nous nous dirigeons vers le GR 5, nous passons devant une porte qui laisse passer une odeur de pain frais. Four Communal lisons-nous au-dessus. Le boulanger qui se présente, Eugène, semble tout droit sorti d'une scène de lutins dans un parc d'attraction pour enfants. Petit, rondelet, barbe blanche coupé en arrondi. Gloussant et blaguant sans cesse dans un patois plus près de l'italien que du français, il s'avère être le cœur même de Roure. Le dimanche matin, tout le monde vient chercher chez lui son pain et ses croissants, sortis peu avant d'un énorme four en pierres chauffé au mélèze. C'est ici que s'échangent les derniers potins du village et que les enfants, blancs de farine, 'assistent' parfois à la cuisson. >>>

<<< Nous n'avons pas du tout envie de nous arrêter là pour aujourd'hui. Les sommets dorés nous adressent des œillades. Le Mont Mounier s'avère trop loin, mais le sommet appelé simplement Montagne Haute doit être à notre portée. Nous nous élevons vers les hauteurs à travers champs. Au sommet, une surprise nous attend. Vu depuis Longon, il semblait de faible hauteur, mais sur l'autre versant, la pente descend d'un seul coup de 1500 mètres dans la vallée de la Tinée. Dans le fond pointent les sommets de plus de trois mille mètres de la région frontalière franco-italienne. Nous découvrons le Vallon de Mollières, une vallée latérale de la Tinée, qui offre accès à cette montagne rugueuse, le but de notre prochaine randonnée.
Alors que nous nous régalons du panorama, des nuages sombres s'amassent. Mes amis n'y voient qu'une innocente couverture nuageuse de l'après-midi, mais je connais la région un peu mieux et je leur prédis un orage. Et même sans trop tarder. Nous devons descendre le plus vite possible. En courant, puis en nous roulant dans l'herbe haute, nous redescendons. Enivrés par les roulades, nous essayons, deux cents mètres plus bas, de nous remettre sur nos jambes lorsque dans un formidable craquement la foudre tape dans la Montagne Haute. Nous poursuivons notre course, car, bien que hors de la zone dangereuse, nous voulons devancer l'averse. Lorsque nous fermons la porte du refuge derrière nous, l'enfer se déchaîne.
Heureux d'être arrivés sans nous faire mouiller, nous nous installons autour de la table. Mais à notre immense surprise, Marion, [la fermière], attrape [son bébé] Nicolas, l'attache dans le sac à dos et sort avec [son mari] Bruno sans se soucier du violent orage. "Mais qu’est-ce que vous allez faire ?!" leur dis-je, ébahi. "C’est l’heure de la traite", répond Bruno simplement. Il grimpe sur son tracteur pendant que Marion s’installe à l’arrière dans la benne, entre les bidons à lait, sous la bâche.
Le bébé sur le dos de Marion observe nos visages étonnés dans l’ouverture de la porte. Le tonnerre gronde, les éclairs fusent. La pluie balaie le plateau à l’horizontale et tambourine sur la bâche. La benne cahote et fait des bonds comme un taureau de rodéo. Mais Nicolas reste imperturbable. Il est là, les yeux grands ouverts et j’oserais parier que cette sortie est loin de lui déplaire.
>>>

Circuit n° 3

[Roure – Saint-Sauveur – en voiture jusqu'à l'entrée du Vallon de la Mollières] - Vallon de la Mollières - Col Mercière - [descente vers Isola 2000 – retour vers la voiture en car] (dénivelé Vallon <> Col Mercière : 1676 m)

La randonnée à travers le Vallon de la Mollières est d'un caractère tout différent. Au lieu de grimper, nous restons dans le bas. Il est rare de trouver dans les Alpes une vallée aussi large, basse et inhabitée. Mais elle n'a pas toujours été inhabitée, car sur deux kilomètres nous traversons un village vaincu par la végétation. Depuis 1979, la vallée fait partie du Parc National du Mercantour et il faut croire que la nature entend bien faire valoir ses droits. Nous y rencontrons plus de chamois que de randonneurs. >>>

<<< Ce qui me frappe le plus dans ce fond de vallée, ce sont les papillons. Ils y batifolent par dizaines de milliers. Superbes, ces volettements que l'on provoque à chaque pas. Nous en découvrons la plus grande concentration sur les pentes herbeuses inondées d'eau de source. La flore aussi est exubérante, mais ce n'est rien à côté de la richesse de couleurs des papillons. >>>

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Traduit du néerlandais par Erica Cabos

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Ce reportage a été publié dans le revue OP PAD, le premier magazine de plein air néerlandais, et VIVRE L'AVENTURE en France.


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